A la découverte des contes
... Le conte de la pomme rouge ...
Il y avait une fois un père et une mère avec deux enfants, un garçon et une fille. Le père travaillait aux champs, la mère soignait le bétail et faisait aller le train de la maison. Les deux enfants allaient chercher du bois à la forêt. La mère avait promis au premier qui arrivait avec le fagot une belle pomme rouge. La fille était très habile à la course et arrivait toujours la première à la maison; elle avait ainsi toujours la pomme.
Un jour qu’ils s’étaient rendus à la forêt, le garçon s’est fâché et a dit à la fille de lui aider à ramasser du bois pour son fagot. Celle-ci ne l’a pas voulu; alors celui-ci a pris la corde et a attaché la fille contre un sapin, et cette fois, il est arrivé à la maison le premier avec le fagot et aussitôt il a demandé la pomme à sa mère. La mère n’avait pas le temps de la lui donner, elle a dit qu’il pouvait la prendre lui-même dans l’arche (coffre, bahut). Le garçon y est allé pour prendre la pomme. Quand il eut ouvert l’arche, il y a mis la main et la tête pour prendre la pomme qui était au fond de l’arche. Mais le couvercle était très pesant et il est tombé sur celui-ci qui en a eu la tête coupée.
Quand la mère a vu cela, elle a eu une grande peur de son mari et elle a pensé qu’il ne fallait pas lui laisser voir le corps du garçon; à cause de cela, elle a pris la tête et tout le reste, elle les a coupés par morceaux et jeté le tout dans la marmite.
Quand la fille est arrivée de la forêt, la mère lui a commandé d’aller attiser le feu. Celle-ci y est allée, mais au bout d’un moment, elle s’en fut dire à la mère: «Je ne vais plus attiser le feu». «Mais pourquoi donc? » «Je n’y vais plus; il y a dans la marmite quelque chose qui dit toujours: ,Ma soeurette, tu me brûles et tu me rôtis, tu me brûles et tu me rôtis.» Alors la mère ne l’a plus envoyée attiser le feu.
Quand le dîner fut cuit à point, elle a fait partir la fille porter à dîner au père. Or, quand elle fut bien loin, avant d’arriver au champ, il y avait un gros torrent sans pont. Il y avait ce jour-là plus d’eau que d’habitude; et l’enfant pleurait: elle ne pouvait pas passer le torrent. Tout à coup elle a vu un pauvre mendiant qui lui a dit: «Belle fille, que portes-tu dans ce bidon? »
«Oh ! pas grand chose. »
Mais le pauvre lui a demandé encore un coup: «Il te faut dire ce que tu portes; si tu ne le dis pas, je ne te fais pas traverser le torrent.»
Mais celle-ci ne voulait pas le dire, parce que la mère avait défendu de montrer le dîner; mais tout de même à la fin, elle a enlevé le couvercle du bidon et a montré à celui-ci le contenu.
Alors celui-ci a fait traverser le torrent à la fille et lui a dit:
«Tu diras au père, quand il aura fini de dîner, qu’il jette les os aussi haut qu’il peut.»
Celle-ci est donc arrivée au champ et elle a dit au père, quand il eut achevé de dîner, de jeter les os en l’air. Or tout à coup une grosse pierre est tombée sur la tête du père et une autre grosse également sur la tête de la mère à la maison. Mais sur la tête de la fille est descendue une belle petite couronne.